samedi 16 mars 2019

Demain


Que serais-je demain ?
La terre se pose-t-elle la question ?
Le buisson où chante la fauvette ce matin
En mille explosion se demande-t-il ceci ?
La mésange printanière
Se demande-t-elle ?
Si demain la vie sera là ?
Si le soleil se lèvera
Si son nid tiendra la route
Si le petit naîtra
Si les étoiles...
Se décrocheront de la voûte
Et si le feu
Une fois descendu sur la frange
De nos misères
Ravivera la terre ?

Non, la vie est là
Comme un petit tas
D'atomes fourmillants
Elle s'enfonce doucement dans la sphère
Elle remonte aux soleil
Elle se déverse en rivière sauvage
Sur les corps endormis
Seul souvenir d'une lumière sans âge.

Il n'y a que l'homme
Taraudé de questions
Qui trouble l'harmonie
Se perd dans sa vision
Et éteint la vie
De fausses rébellions.

Les enfants sauvages
Les poètes éternels
Les oiseaux de passage
Les anges sans ailes
Sont les fleurs du vivant
Et toujours ils supplient
Le mystère de se taire
Pour garder l'élan
Celui qui étreint la vie
Et toujours il gardent
Le troupeau vivant
Les jours de grands vents.

Il y a des moments


 Photo : Lyon Confluence

Il y a des moments
Où l'on pourrait jouir de rien
Ou de tout
D'un sourire
D'un regard
D'un vieux vin
D'un baiser
D'un bon pain
De la lumière dans le fleuve
Faire de la vie une étreinte
Simple et provocante.
Et pourtant on s'agite de toute part
Dans un monde d'images
De technologies insipides
Dans lesquelles nos ombres miroitent
Sommes-nous devenus
Comme ces bouts de plastique que l'on convoite ?
Ombres de nous-mêmes ?
Cette vie est un mirage
Certains y voient de l'art.

Sommes nous les marionnettes
Qu'un peintre assis sur sa planète
Sculpte au hasard ?
Nos personnes à facettes
Nos vies monotones
Dégueulantes d'ennui
Un vide qu'on cherche à combler
Par mille subterfuges
Ou quelques jouets manufacturés.

Oubliant le sacré de la vie
Quand la mort frappe
On cherche refuge
Dans de vielles sagesses sacrées
Pour rassurer nos égos dilatés
On se dit sans espoir
Il y a bien un trésor caché
Quelque-part
Sous le lit
Dans le haut de l'armoire
Au plus haut des montagnes
Derrière le ciel ?

Un jeu de cache-cache
Commence alors
Une interminable quête
D'amour, d'absolu, d'éternel
Souvent elle dure toute une vie
La recherche finira-t-elle
Dans le regard blanc des statues
Dont le seul mystère viendrai
D'un néant nébuleux
Qu'on appelle le cœur ?



Myriam Serra  
12 mars 2019

Au plus fort de la nuit



Au plus fort de la nuit
J'ai pris tes mains
Pour me bander les yeux
Histoire de voir
Si ton cœur était bleu
De ce bleu électrique
Qui donne l'air joyeux.


Au plus fort de la nuit
J'ai pris ton souffle
Pour traverser la mer
Histoire de voir
Si ton eau était claire
Comme les larmes du ciel
Qui donnent l'air vivant.



Au plus fort de la nuit
J'ai pris ton âme
Pour m'entourer de blanc
Histoire de voir
Si ta peau était prête
A affronter le noir
Et vaincre les tempêtes
Au delà du miroir.



Au plus fort de la nuit
J'ai regardé tes yeux
Pour y trouver la vie
Histoire de voir
Si ton regard luisant
Pénètre ma fenêtre
Le plus vivant de mon être
Pour esquiver le temps.


Myriam Serra 14 mars 2019

Y a toujours mieux à faire




Printemps des poètes - 20 ans - La beauté

Y a toujours mieux à faire
Qu'écouter les poètes
Alors je reste là
Dans ma p'tite robe à fleurs
Les pieds plantés
La tête levée
Je jette au vent
Des mots d'amour vivants
Que seuls quelques coeurs
Attrapent à la volée
Humant l'air enivrant
De mes mots mêlés
Par ci par là puisant
Quelques gouttes de bonheur.
Y a toujours mieux à faire
Qu'écouter les poètes
Debout dans la lumière
L'émotion au ventre
Sur une expire
Je balbutie les mots profonds
De la beauté éphémère.
Sur une inspire
Je regarde en haut
Si le ciel m'écoute
Un oiseau sur la tête
Comprend ma déroute
Il n'y a point de défaite
Quand le ciel descend voir.

Y a toujours mieux à faire
Qu'écouter les poètes
Bien que leurs histoires
Leurs bonheurs, leurs malheurs
Souvent vous indiffèrent
Ils continuent d'y croire
Mais vous le savez bien
Les leurs sont les votre
Plus de tien ni de mien
Un seul Nous qui souffre
Un seul Nous qui aime.

Y a toujours mieux à faire
Qu'écouter les poètes
La beauté est là
Où vous n'êtes pas
Tapie dans le noir
Elle se jette sur vous
Au détour d'un square
Elle sublime l'inespoir
De ces crieurs de vie
Sur le bord des trottoirs
Ceux qui donnent envie
De mille fois vivre
De vivre mille fois.


Myriam Serra 11 mars 2019

samedi 9 mars 2019

Je marche vers la beauté



Je marche vers la beauté
C'est une marche légère
Sans nul bagage
Je me dérobe sous ses pas
Sans maquillage
Elle m'emmène vers toi
Doucement dans le flot
D'une eau souterraine
J'attrape sa peau
Et me fais reine.
Je marche vers la beauté
Inscrite sur nulle carte
Sans boussole
Sous l'arc salvateur
La lumière décomposée
Nous recompose
Dans une éteincelle de bonté
Un léger blanc-lune
Sur nos corps s'est posé.

Je marche vers la beauté
Rallume nos étoiles secrètes
Connues de nul hommes
Elles sèment une tempête
De nature stellaire
Leurs noms inconnus
Vibrent à l'ultrason
Les notes nues
Sur nos corps en frissons
A nos oreilles
Souffle une harmonie
Celle des sphères descendantes
En do majeur elles veillent
Sur nos âmes endormies.

 
Myriam Serra - 8 mars 2019

Une percée crépusculaire



Comme échappatoire
A ce monde en surchauffe
J'hésite entre la percée crépusculaire
Ou l'arc en ciel
Sur tes ailes je préfère
Le doux son de l'air
Un dragon-dieu
Nous emmène quelque-part
Où il fait plus bleu
Il rallume le feu
Avant qu'il ne soit trop tard
En un éclair on détale
Pour un pays sans fard
Ou le bleu est aussi blanc que ta peau
Le soleil double d'en haut
D'un clignement nous avale
Éclaire nos fronts
Ouverts au plus beau
On avance à tâtons
Sur le fil de nos vies
Éblouissants rayons
Au ciel suspendus
Nous nous réveillons...

samedi 2 mars 2019

La vie sur nous




Je n'ai pas jeté mon dévolu sur toi
Tu ne m'as pas harponné
Après une longue chasse acharnée
Tu es comme ce pêcheur qui pleure
Une larme sur la joue
Je l'ai vu briller
Une onde un peu folle
Qui résonne à ma peau.

La vie sur nous s'est jetée
Comme un oiseau sur sa branche
A-t-il vraiment choisi laquelle
Sera le réceptacle de ses plumes ?
Comme une fleur prête à éclore
Prépare-t-elle son épanouissement ?
L'abeille qui danse en étoile
A-t-elle seulement un plan ?
Ou sait-elle lever le voile
Quand c'est le moment
De se jeter dans la ronde.

La vie on ne peut l'éviter
Elle est si féroce, si féconde
La rencontre on ne peut l'empêcher
La fée-vie nous emporte
Je ne sais où ?
A l'orée,
D'un chez nous transitoire.

Que reste-t-il du hasard ?
Si ce n'est le destin aléatoire
De nos vies parallèles
Qui un jour décident l'oblique
Qui nous pousse à l'autre
Cette force cosmique
Dans un bruissement d'ailes
Nous vole au secours
On voit en elle
L'ombre de l'amour
Quelques instants magiques
Pour s'oublier un peu
Jusqu'à la fin du jour.

Myriam Serra 27/02/19


Une envolée pulmonaire





Peinture: Ewa Hauton

Une envolée pulmonaire soulève son cœur
Le pulsar du hasard œuvre en douce
Comme le flot d'une rivière sauvage
Dans son élan poétique
Elle décolle pour un monde parallèle
Son regard prophétique
Renforce son message
Qui dort au fond d'une fontaine
Ou de son corps sage
La promesse des jours euphoriques.

Dans ce monde sans paroles
Il n'y a pas d'oreilles qui trainent
Juste des yeux rieurs
Pas de paroles en l'air
Ni un mot de trop
Juste les mains volages
Pour se dire les mots bleus
Juste les bouches pas sages
Pour lire dans chaque recoin
Par les baisers suspendus
La substance de nos âmes.

Une lecture tactile au matin
Des doigts qui cherchent
Je ne sais quoi, un écrin ?
Qui brille à l'intérieur
Comme un feu d'artifice
Qui voudrait sortir à l'heure
Par tous les orifices
Pour éclairer comme un soleil
Ce monde taciturne
Pour en faire une merveille
La huitième...
Suspendue aux anneaux de Saturne
Une sorte d'Eldorado
Nos mains y mènent
En un seul flot
Par toutes les veines
Au soleil chevauchant
Je nous emmène.

Myriam Serra 25/02/19

Deux coeurs




Je voudrais te dire
Que la nuit noire n'a pas
Déteint sur mon corps
Que sans toi
Je brille encore
Comme un feu de Saint Jean.

Je voudrais te dire
Que le jardin est plein d'orties
Que les noires sont mes préférées
Mon cœur a reverdi
Mes entrailles rescusitées
Dans les nuits sans sommeil.

Je voudrais te dire
Que la lumière grandit
Je nage dans les reflets
D'une mer sans filets
Les murs sont or
Comme celui des maisons safranées
Qui rayonnent au soleil.

Je voudrais te dire
Que l'heure de l'oubli
N'a pas sonné
Pourquoi oublier l'instant ?
Tu as laissé un peu de toi
Dans mes bras en feu.

Je voudrais te dire
Que sans toi,
La vie est plus que là
Une fleur des champs
Une course folle
D'un papillon aux couleurs délirantes
La simple vie insignifiante.

Je voudrais te dire
Il y aura toujours deux coeurs
Pour aimer à la folie
D'un amour sans peur
Ce monde impermanent
Si joli, je l'aime tant
Tout y est si fragile
Tout y est si vivant.

Myriam Serra 24/02/19