dimanche 28 avril 2019

La grâce


Tes histoires
Tes malaises
Tes médiocrités
Tes états d'âme
Restent les mêmes
A celles des autres
La différence c'est la grâce
Celle qui éclate en pleine figure
Celle qui te touche
Sans savoir pourquoi
Elle t'a embrassée.

Enfin si...

Il y a un "quand" au cœur de la grâce
Quand...tu cesses de vouloir
Quand tu acceptes la brisure
Quand tu habites tes errances
Quand tu embrasses l'absolue solitude
Qui ronge les os
Quand tu as perdu tes certitudes
Tout au fond des eaux.


Elle a fini par venir
La légèreté
Sans l'avoir attendue
Pas par pitié
Non par la bénédiction
Des petits êtres
Celle des papillons
Des anges envolés
Des coccinelles
Des fleurs fanées.


Alors ton corps s'est mis à brûler
Tel un soleil au cœur de l'orage
Tes yeux à briller
Comme un précieux métal
Ton cœur à bondir
Comme un cheval sauvage
Ta vie à soulever
Les montagnes puissantes
Rendue au sacrée
Elle resplendit.


A Stéphanie...

Alone



J'entends encore la porte
Tu es rentré
Je vais pouvoir dormir
J'entends encore ta voix galactique
Qui continue de rire
Dans ma cage thoracique
Pourtant tu es parti
Le silence est venu
M'ouvrir la porte
M'embrasser doucement.

Ce matin,
La lumière rentre à peine
Effleurer mon visage
Je préfèrerais toi
Et ton doux regard clair
Tu t'habituras
Me disait-elle
Je pleure encore
Lui répondis-je.

J'avais repoussé l'échéance
Au fond je savais qu'elle viendrait
M'apprendre...


Les réveils sans mains
Le silence dans le noir du soir
La bouche sans baisers matinaux
Les repas au son du tic tac
De la pendule du salon
Je n'allume plus la télé
La fuite a cessée
De couler au fond de mes os.

Je goûte l'esprit du vent
Qui parcourt mon balcon
Caresse mes fleurs
Le soir j'embrasse la lune
Je réponds aux étoiles
Avec toutes leurs questions !


Je crie mes poèmes
Au son des grillons
Je savais que je m'habiturais.

J'écris mes rêves sur ton carnet
Celui où je rêve encore
En regardant voler
Les mariés de Chagall
A l'amour éternel
Quel comble douce amazone
Poète de l'amour
A vivre sans
On s'habitue à tout
Tu sais.


Une question est posée
Toujours la même
Aux étoiles par milliers
Mon esprit esseulé :
Suis-je vraiment seule
Dans ce doux univers ?
Tu le sais
Me soufflent-elles ?
La vie, la mort
On les embrasse toujours tout seul
Du moins, tu crois
Esprit esseulé
Du Grand Esprit
Tu n'es pas seule
La toile est Une
L'univers Un
Uni à toi.


Myriam Serra
27 avril 19

Une nuit sans mains


Peinture : Valérie Chauve

 Je suis poète
C'est juste pour te prévenir
Si tu me rejettes
Tu auras encore
Le goût de mes mots
Dans la bouche
A défaut de ma peau
Qui elle s'en ira
Comme une odeur de jasmin
Que le vent disperse
Prête...à étreindre demain.

Un demain sans poèmes
C'est un peu comme
Une nuit sans mains
Je préfère aux tiennes
Une nuit resplendissante
De mots vermeils
De mots récalcitrants
Qu'on murmure
En s'endormant.

C'est étrange
Quand la fin s'approche
Il y a cet air froid
Qui remonte dans le dos
On le sent à peine
Plus d'une fois
Il a soufflé en mes veines.

A force on s'habitue
Aux alliances éphémères
On finit par aimer
Les amours passagères
Le goût du mystère
Qu'elles emportent avec elles
Je suis partie sans ta peinture
Celle que tu m'avais promis
Une autre m'attend là-bas
Avec un peu plus
De bleu sur ma peau
D'étoiles pour mes yeux.

Myriam Serra
25 avril 2019


Soleil



Peinture : Valérie Chauve

Soleil,

Cette nuit,
Le soleil est entré
Par la grande faille
De mon âme
Il m'a regardé
Avec son regard-feu
Et m'a enveloppé
De ses bras de braise
Éblouie, j'ai fermé les yeux
Pour entendre le son solaire.
Il m'a dit d'un ton sec et pénétrant :
La beauté est toujours là
Le courage ne te quitte pas
La bonté t'accompagne
La joie t'escorte.
Le vent m'a mené jusqu'à toi
Pour ne pas te faire oublier
Que ta lumière flamboie
Pour croire en l'assurance
Que les étoiles du ciel
Tombent un jour
Dans les jardins fleuris
Même les plus petits
Qu'avec l'amour
Ils reprennent vie
Tu es la fée de ton destin
La lumière, l'eau, la foi
De ton jardin
Je suis la preuve de ton esprit
Mes rayons épris de toi flamboient
Éclairant les roses enfouies
En ton cœur rayonnant
Pour faire éclore ta vie.

Myriam Serra
24 avril 2019


J'ai gardé mes mots doux


 Peinture : Isabelle Nell

J'ai gardé mes mots doux
Mon cœur n'était pas sûr
Le tien non plus
Ils finiront sur mon carnet
C'est là que finissent les mots doux
Non murmurés
Couchés entre les lèvres
Ils restent à l'intérieur
Au chaud près du cœur
Parfois des années-lumières
Que l'amour est bizarre
Comme un vent solaire
On ne sait d'où il vient
On ne sait où il va
Je voudrais qu'il m'attrape
Pour une fois
Les mains autour du cou
Pour m'embrasser
Je sais qu'il est la
Il y a ce chemin tortueux
Entre ma tête et mon cœur
Plein de broussailles
Je les arrache à main nue
Je prépare un grand feu
Pour celui qui verra
Mon passage secret
Le cœur derrière ma bouche
Les mains derrière mes mots
Un qui n'a pas le vertige
Devant ma mise à nue
Voudra bien plonger
Ailleurs que dans mon lit
Ou sur un mur bleuté
Moi qui n'ai pas peur
Des garçons désinvoltes
Que mes poèmes intriguent
Que ma plume envoûte
Je suis pourtant chaire
Eau, atome, lumière
Tu es parti avant
D'avoir entendu
Les mots vibrants
Ceux qui envolent
Je garde mes mots-oiseaux
En attendant un doux
Mon cœur toujours ouvert
Est un poète
Au delà des cylabes
Il est comme un dauphin
Qu'on rejette à la mer
Toujours à chercher
Les trésors cachés
Dans les profondeurs
Des méandres bleutées
A délivrer ses frères
Des filets dérivants
Un cœur blessé
Mais vivant.

                              Myriam Serra

Léo et Zoé


 Léo et Zoé

Je suis dedans
Je suis peau
Je suis fleur
Je suis eau
Je suis sœur
Je suis reine
Je suis mer
Je suis cercle
Je suis celle
Je suis bleue
Je suis autre
Je suis loin
Je suis ombre
Je suis âme
Je suis pluie
Je suis argent
La Lune au dessus de toi.


Tu es dehors
Tu es souffle
Tu es vent
Tu es rouge
Tu es celui
Tu es feu
Tu es frère
Tu es roi
Tu es proche
Tu es esprit
Tu es ciel
Tu es rayon
Tu es fruit
Tu es flèche
Tu es nombre
Tu es clair
Tu es or
Le soleil au dessus de moi.


Je te cherche
Tu me trouves
Je te souris
Tu m'embrasses
On pénètre l'intérieur
De nos sphères
Nous sommes vie
Nous sommes lien
On se rapproche du cœur
Pour goûter l'éphémère
Sans efforts et sans peurs
Une once de lumière
Annonce la couleur
La vie reprend ses droits
Quand le vent nous emporte
Nos désirs font loi
Embrasser les corps
Être humain
Toujours et encore.

M.

Je rentre à l'intérieur


Peinture : Michel Trottier

Je rentre à l'intérieur
Je vous laisse
A vos fêtes
A vos amants
Vos fausses extases
Rien d’extérieur ne rend heureux
Beaucoup s'embrasent
Et se croient amoureux.

Je rentre à l'intérieur
Je débranche le système d'exploitation,
Je lâche les prises
Des vaines exaltations
Gardez vos moutons
Je me ferais ni noire
Ni berger de salon
Peut-être brun d'herbe
Sous vos pieds chancelants.

Je rentre à l'intérieur
Le temps d'accueillir
La plus infime lumière
Que j'ai vu frémir
En réponse aux prières
Prête à éblouir
Quand le ciel appelle
Que le mental
Rend l'âme
Devenu animal.

Je rentre à l'intérieur
Retrouver la splendeur
Un chant mélodieux
Le temps de cueillir
Les fleurs aux mille yeux
Que je voudrais t'offrir
En plus du sourire
Puis éparpiller les pétales
Sur ta bouche
Dans nos nuits de cavales
Unir les mots qui touchent
Dans un dernier soupir.

                              Myriam Serra
                                18 avril 19

Le baiser



 Le baiser - Carolina Zuniga

Fiction...

Lui :

Elle s'est paré de son plus beau sourire
Celui qu'on lance
Quand on est amoureuse
Elle ne l'était pas
Enfin elle croyait
Mais son sourire était là
Il débordait de sa bouche
Et j'avais envie de la prendre sa bouche
De plus la lâcher
D'absorber tout le souffle qu'elle avait
S'il s'arrêtait, je crois que je mourrais
Comme un inséparable séparé
Qui ne peut voler
Sans son éternelle fiancée
J'étais sous son charme
Même son ombre me réchauffait
Sa lumière n'en parlons pas.

M.

Celles qui écrivent



Celles qui écrivent
Expriment l'impossible
Pénétrante douleur
La grande terrible
Qu'elles subliment
Et transforment en douceur.

Celles qui écrivent
Traversent la folie
Du feu des cimes
Elles déciment la vie
Des eaux boueuses
A coup de rimes.


Celles qui écrivent
Ne cherchent
Ni la gloire
Ni le prestige
Elles voient dans le noir
Les lointains vestiges
La lumière des lettres d'or.


Celles qui écrivent
Sont des flammes
Une solitude vive
Des sublimes âmes
Qu'elles ravivent
Avec leurs mots.


Celles qui écrivent
Sont les grandes héroïnes
Des batailles non menées
Mais dont la victoire culmine
Dans le cœur des affamés
Qu'elles nourrissent.


Celles qui écrivent
Gardent la chaleur des bougies
Lorsqu'elles ont tout donné
Avec encore dans le ventre
Ce désir brûlant de vivre
De jeter l'encre sur le papier
Celle qui rend ivre.


Myriam Serra
17 avril 2019

Il y a cette douceur



 Zoé dans : Léo et Zoé 
ou la rencontre du jour et de la nuit 
de Dominique Falda


Il y a cette douceur
Qui ressort de ces yeux
Avec son visage d'ange
On croirait le ciel
Descendu en silence
Pour épouser la terre.

Il y a sa force
Qui sort de sa bouche
Ses mots qui s'efforcent
Sans efforts d'être beaux
C'est juste
Le frôlement
Des ailes d'en haut.

Un petit nuage la suit
Parfois il pleut
C'est pour nettoyer sa blessure
Quand elle saigne
Elle revient au sauvage
Le regard tranchant
Tel un animal blessé
Elle arrache les pages
De ses vies passées.


La poète sauvage
Donne des morceaux d'ailes
A chaque rencontre
On pensait qu'à force
Elle disparaîtrait celle,
Qui donne son ciel
Faut croire,
Qu'elle en a la pelle
Des folles histoires.


Au delà de la sphère
La spirale des poètes
Tourne leurs vers
Au dessus de leurs têtes
On les reconnaît à cela
Un tourbillon de mots
S'agitent doucement
Un entrelacs de maux
Parfois
Un éclatement de joie
Souvent
Qu'ils donnent aux passants.


Myriam Serra - 15 avril 19

Le soir


 Peinture : Lucy Campbell

Le soir,
Quand le poids des soucis
M'enfonce comme une enclume
Au fond de mon lit
Seule avec ma plume
Et ma série noire
Je pense à toi.
Et je sens comme une peau de bête
Qui m'enveloppe doucement
Légère comme un voile
Douce comme un chat
Affublée de mon manteau-étoile
Je m'envole pour un pays étrange
Où mon corps flotte
Tout y est vibrant
L'harmonie semble y régner.
Roi dans mon royaume
D'où viens-tu ?
Je n'en sais rien
Qui es-tu ?
Je ne sais pas
Es-tu ours ?
Ou panthère
Es-tu ange ?
Ou loup solitaire.
Sans voir ton visage
Je reconnais ta signature
Tu es là
A coudre mes blessures
Où les autres ont renoncé
Plus présent que les hommes
Plus lumineux qu'une fée
Mon aimé secret
Personne ne pourra t'enlever
De ta voix grave
Les ondes ôtent ma douleur
Tu es là quand plus rien m'accroche
Tu es là quand je pleure
Ta lumière chasse l'ombre
Tu as mon cœur
J'en fais serment
Comme à une sœur
De même sang
Ou une de même plume.

Myriam Serra 14 avril 2019

Il y a ce mot


Il y a ce mot
Qui nous hante
Il commence par A
Je le vois un peu partout
Dans vos messages
Dans les miens parfois
Aux abords des trottoirs
Dans vos bouches
Dans vos histoires
Pourtant je ne le vois pas
En aurais-je une idée trop élèvée ?
Où serais-je aveugle ?
J'ai eu cette prétention de vouloir en parler
J'ai décidé de ne plus l'écrire
Tant que j'en n'aurais pas goûté
Sa substance osseuse
Sa molécule infime
Son onde tremblante
Tant qu'il ne sera pas vissé à mon corps
Comme le lierre à l'arbre
Tant qu'il n'aura pas rallumé mon âme
De fond en comble
Est-ce un comble pour le poète
De plus l'écrire
Où est-ce simplement
Ce retour à l'humus
A l'humain
L'humilité
Celle de ne pas savoir
De continuer de vivre
Sans s'en soucier
Dans ces petits moments ivres
Croire encore en lui
Ou faire comme s'il n'existait pas
Et là encore
Je fais comme si
Je vous en parle
Sans le connaître
Est-ce lui qui parle ?
Une invention de l'être ?
Je croyais en manquer
Je croyais en donner
Il s'est caché
Derrière le supermarché
Où mon premier baiser
Fut donné
Peut-être l'ai-je trouvé
Peut-être pas
Il est comme ça
Insondable
Étranger
Impalpable
Volatil
Il échappe
A toute définition
A tous mots.

M.

Attrape mes rèves


Attrape mes rêves
Et envoie-les au ciel
Pour une nouvelle version
De moi-même
Plus claire,
Plus rieuse
Ajoute quelques pierres
Presque précieuses
Mais pas trop
Dans mes yeux clairs.
Attrape mes rêves
Et donne-leurs du cœur
Du cœur à l'ouvrage
Du courage blanchi
A la poussière d'étoile
Que je souris.


Attrape mes rêves
Envoie-les sur Sirius
Là-bas ils savent qu'en faire
Une blue version
Éloigne-moi de l'enfer
De mes obligations.


Attrape mes vers
Ceux qui font pleurer
Porte-les à l'univers
Et ceux qui font sourire
Laisse-moi les
J'ai à qui les offrir... 


Myriam Serra
13 avril 19


Attrape-Rêve : José Loup Marti

Je suis la mère à l'enfant bleu




Je suis la mère
A l'enfant bleu
Celui qui regarde le monde
D'un regard rieur
Une différence si grande
De son monde intérieur.

Je suis la mère
A l'enfant zèbre
Qui détaille nos vies
Dissèque notre monde
De l'étrange réel
Il dessine le mystère.

Je suis la mère
A l'enfant bleu
L'exclu du bac à sable
Qu'on regarde de travers
A cause de ses rayures
Toujours en sens inverse.

Je suis la mère
A l'enfant bleu
Aux mots pompeux
Pourtant si simples
A ceux qui ont le code
Du langage lumineux.

Ô enfant bleu
J'ouvrirais le chemin
Le monde te fera la place
Je creuserais un sillon
Pour que tu laisses une trace
Celle des enfants bleus
Dans ce monde en perdition
Que serait le monde sans eux
Sans les zèbres arc en ciels !
Un monde sans couleurs
C'est comme un ciel sans étoiles.


Au enfants bleus...

Elle préfère restée seule


Peinture Christian Schloe

Elle préfère rester seule
Un profond silence envahie
Cette insoutenable légèreté
Qu'elle fuit sans cesse
Celle de n'être rien
Qu'un morceau de carnée.
Sans le lien
Elle se sent partir
S'évanouir
Dans l'air vaporeux
Des soirées lunaires.

Elle préfère rester seule
Dans les bois de son cœur
Incarnée elle demeure
Plus près de soi
Rien ne pleure
Si ce n'est son chant
Qu'elle connait par cœur.

Elle préfère rester seule
Elle a mis son cache-nez
Au cas où elle ait froid
Elle ne sait plus aimer
Mais elle garde sa chaleur
Au cas où, un oiseau
Se pos'rait sur son cœur.

Elle préfère rester seule
Elle porte son amulette
Au cas où elle a peur
Il reste une allumette
Qu'elle préfère garder
Pour les jours sans fête
Elle sait les rallumer
Quand la pluie l'émiette
Rien d'anormal
C'est une fée.

Myriam Serra
12 avril 2019

Reste...


J'avais cloué sur le tableau noir
Tout au fond de mon cerveau
La liste de mes espoirs
Mes attentes d'égo
Toutes mes exigences
Mon désir de beau
Mes insuffisances.
D'un coup de chiffon
J'ai tout effacé
Reste le noir profond
D'un vide sidéral
Pas même une question
Pas l'ombre d'un désir
Mon égo en ébullition
Croyant mourir :
Ma vie en suspend ?
Est-ce possible ?
Que vais-je devenir ?
Où vais-je ?
Dans quel état...

Soudain,
Venus de nul part
Des instants magiques
Des rencontres impromptues
Des sourires sans cirque
Sont joliment apparus
Dans ma vie nue.

C'est alors qu'un ange me souffle
Sans même ouvrir la bouche
"Rien à faire,
Rien à réclamer
Quand la grâce te touche
Accepte l'envolée
Sois manouche".

Comme le ciel
Prends ce qui vient
Les oiseaux, les nuages
Les tempêtes, les étoiles
Qui accueille chaque visage
Une feuille morte égarée
Un mouton noir sans bagages
Sois sans idées.

Jamais il se plaint
Des temps calmes
Aux ouragans
Sans cible
Aux mirages
Il remue le vent
Attrape la foudre
Pleure souvent
Sans sourciller
Quand vient le bleu
Des aurores boréales
Il remercie l'imprévisible
Des mystérieux filaments
Lui si sensible
Aux aléas du temps
C'est pareil pour la vie
Laisse-toi filer au firmament
Jusqu'à celui qui te sourit
En imitant le vent.


Myriam Serra
8 avril 19

dimanche 7 avril 2019

Je n'ai même pas eu l'temps




La sardane - Picasso - 1959

Je n'ai même pas eu l'temps
De te lire mes tourments
De te faire rire à mourir
De t'avoir toute la nuit
Tout le jour dans mon refuge.

Je n'ai même pas eu l'temps
D'écouter tes amours
D'embrasser tes amis
De longer toute la carte
De ta côte azuréenne.

Je n'ai même pas eu l'temps
De caresser sous ta peau
Les aspérités de ta vie
De les couvrir de baisers
En un tour de bouche.

Je n'ai pas même eu l'temps
De jouer l'hymne à la joie
Mon morceaux préféré
Avec ma vieille flûte en bois
De te souffler mon chant secret
Rien qu'à moi, celui pour la lune.

Je n'ai même pas eu l'temps
De te faire mon gâteau
Celui que les enfants préfèrent
De boire jusqu'à plus soif
Dire des bêtises toutes la nuit
En faire sans résister.

Je n'ai même pas eu l'temps
De t'aimer comme un soleil
Rayonne les fleurs au printemps
De t'apercevoir au loin
Le cœur battant
Prête à bondir dans tes mains.

Myriam Serra 7 avril 2019

Viens me chercher



Viens me chercher
Si tel est le destin
Je suis par ici,
Je suis par-là
Partout où ton cœur bat
Tu ne me vois pas
Je suis tout et rien
Le venin et le remède
Un vent contraire
Un chant de fauvette
Dans les roselières
Un cri de lynx
Dans le blanc manteau
Un bruit de ruissellement
Dans le caniveau qui se prend
Pour un ruisseau de montagne.

Viens me chercher
Si tel est ton chemin
Je m'ouvre au destin
Ce qui est prévu
Je n'en sais rien
Un bail que j'hiverne
Je ne vois rien venir
Comme une lanterne
Prête à mourir
J'éclaire ta route
Depuis des lustres
Serait-ce une légende ?
Comme celle qu'on raconte
Depuis la nuit des temps
La venue hypothétique d'un messie
Aux enfants...

Viens me chercher
Si tu m'aperçois
Éclaire un peu pour voir
Si ton regard noir
Brille comme un diamant.
Je t'invite à boire la lie
De mon cœur vibrant.
L'eau de mes fous rires
Celle quand je frissonne
Devant la beauté.

Viens me chercher
A la sortie du travail
Que je file avec toi
Rendez-vous au grand portail
Mon cœur est de l'autre côté
Je préfère toi
Aux discussions stériles
Des machines à café
Je préfère toi
A mes nuits blanches désenchantées
La nuit noire ne me fait pas peur
Mon âme a survécu.

J'ai envoyé un message
Aux anges, aux guides
De la planète
Marie et compagnie
Même à Scoubidou
Un SMS étrange
Qui réclame ta présence
Dans mon univers fou
Mon monde d'insuffisances
Un SOS de poète
C'est un peu flou :
"T'es où ?"
Je sais c'est bête
Mais je suis partout
Partout où ton cœur va
Tu vas m'trouver
J'ai une petite robe rouge
Et les lèvres pareil
Mon message au bord
"Viens me chercher"

Myriam Serra - 6 avril 19

Il y a bien longtemps



Peinture : Pleine lune - Abel FZD

Il y a bien longtemps
Qu'un regard amoureux
Ne m'a vraiment lu
Jusqu'au fond des yeux
J'ai parfois entendu
"J'aime tes poèmes."
Et puis tes yeux
Ah j'oubliais…ton cul
Pas de "Je t'aime"
Dans mon intime revue
Et corrigée madame
Circuler monsieur y a rien à voir
Serait-ce devenu un gros mot ?
Galvaudé pourtant qu'on aime entendre.

Il y a bien longtemps
Qu'un regard amoureux
Ne s'est attardée sur mon cas
Est-il désespéré docteur ?
Ou seraient-elles rares
Les pièces du puzzle
Qui veulent bien s'emboiter
Au-delà des corps
Bien trop s'arrêtent là
Sans trouver
À l'orée des poètes
Le dessein caché.

Il y a bien longtemps
Qu'un regard amoureux
Ne s'est posé sur moi
Oh oui tu me regardes
Pas avec ces yeux-là
Fuyez donc faux amants
Je préfère les aimants
Ceux dont les yeux
Brillent au dedans
Des rayons lasers
A la place des mains
Ceux qui veulent bien sonder
Au-delà des mers
Par delà les montagnes.

Il y a bien longtemps
Qu’un regard amoureux
Ne m'a pas vraiment vu
Tu es peut-être aveugle
Ou alors t'as trop bu
A trop regarder la lune
Tu tombes dans mes draps
Trop vite mise à nue
Juste un peu plus bas
Mon âme un peu tordue
Un peu trop découverte
A pris froid au...

J’ai le goût de l’amour
Trop démodé me direz-vous ?
Ça se commande pas
Et même si...
Y en a plus en stock madame ?
Ce constat me laisse le goût amer
D'une amazone de banlieue.

Devrais-je me faire muette ?
Pour qu'un me (re) garde ?
Difficile de faire taire une poète
C'est comme une seconde peau
Un bleu de travail
Sans vraiment en être un
Juste une arme de taille
Pour contrer la bêtise
De vos fausses croyances
Je suis la hantise
Parfois un s'avance
Et pas pour mon cul
Un qui aime
Un qui vit
Un qui lit mes poèmes
Au plus clair de la lune.

Myriam Serra 4 avril 19