Où sont passées

Où sont passées les nuits complètes ?
Celles où nos corps apaisés
S'éternisaient dans le lit nuptial
Au milieu des baisers
Presque bestiales
Ceux de toute la nuit
Que le jour éteint
Et rend infinis
Tel un courant marin.

Où sont passés nos rires insensés ?
Ceux qui n'ont pas de cause
Tordent le ventre et font pleurer
Peut-être partis se perdre
Dans la joie universelle du monde
Fait des jours heureux réunis
La substantifique joie des êtres.

Où sont passés nos mains exploratrices ?
Celles qui déshabillaient
Nos immenses continents
Emmêlées autour de nos fantasmes
Qui trottaient dans nos têtes
Et provoquaient un marasme
Au fil des heures d'étreintes.

Où sont passées les jours blancs ?
Ceux qui ne servent qu'à aimer
J'ai perdu la saveur de leurs eaux
Reste une effluve lointaine
Que le temps a emporté
Comme font les sirènes
Aux marins envoûtés.

On a laissé au pied du lit
Cette courte vie
L'univers l'a repris
Jamais on ne goûte assez
Les instants vivants
Jamais on n'ose assez
Faire palpiter les sangs.

Où sont passés
Futur, présent
Passé des...
Corps emmêlés
Mains serrées
Cœurs fusionnés
Sans doute
Cachés en un lieu secret
Dont les fées gardent la clé
Pour ne pas les oublier
Quand la vie nous porte
Vers d'autres sentiers.